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Feyzin et la Grande Guerre

Publié le par Oxymore

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Je publie ci-dessous un article essentiel, unique, complet, de l'historien feyzinois Dominique Bailly, sur les "poilus" à Feyzin en 1914-1918.

 

Histoires de Poilus

 

En novembre 1968, a été dressée une liste détaillée, à partir des archives municipales de Feyzin et avec l’aide de M. Antonin BAZIN, alors secrétaire de la section de l’UMAC, de la plupart des victimes recensées, que je ne développerai pas dans ces lignes.

En consultant divers sites internet dédiés aux morts de la grande guerre comme « Mémoire des hommes », les registres d’état civil ou la presse de l’époque (Journal de Vienne / Moniteur Viennois), ou en faisant un tour dans les allées du cimetière, il apparaît rapidement que les 44 noms couramment évoqués ne constituent que la face émergée de l’iceberg.

En effet, si on étend le périmètre aux natifs du village qui se sont établis hors de la commune, aux militaires qui se trouvaient en garnison au Fort à la veille de la guerre, aux soldats décédés à Feyzin, à ceux qui sont morts des suites de maladies , blessures ou bien par suicide dans les années qui ont suivi l’armistice, cela fait quand même du monde… Sans oublier les victimes de la  grippe espagnole qui a fait des ravages autant chez les civils que chez les militaires !

Tout d’abord, Les natifs de Feyzin :

BOISSONNET Antoine né le 26 octobre 1894 à Feyzin, fils de Pierre et d’Antoinette Bonnefond. Employé de commerce dans le civil. Appelé de la classe 1914. Incorporé au 13ème chasseur à cheval le 6 septembre 1914. Passé brigadier le 29 novembre 1914, puis maréchal des logis le 22 septembre 1915. Blessé par balle le 6 octobre 1915 dans la Meuse à Tahure. Passé ensuite au 4ème chasseur d’Afrique le 12 décembre 1916 avant d’être détaché au 54ème colonial le 1er avril 1917 en Serbie. Mort pour la France le 26 novembre 1918 à l’âge de 24 ans à l’ambulance alpine n°5, des suites d’une maladie contractée en service et inhumé au cimetière militaire français de Zajecar (Serbie). Acte de décès transcrit à Ste Colombe (Rhône) le 26 mars 1920.

CHABRIER Jean André né le 28 septembre 1879 à Feyzin, Classe 1898. 2ème classe au 6ème RI Colonial. Décédé de maladie le 18 octobre 1918, en son domicile à Feyzin, au hameau de la Bégude.

CRISTIN Laurent André  né le  08 novembre 1892 à Feyzin, Classe 1912.  2ème classe au 30ème RI. Mort pour la France le 22 août 1914 à Verbruck en Alsace des suites de  ses blessures. Acte de décès transcrit à Feyzin le 25 mai 1920.

DUMAS Georges Emile né le 01 10 1890 à Feyzin, classe 1910. Adjudant au 140ème RI. Mort pour la France le 29 05 1916 à Douaumont Vaux (Meuse), tué à l’ennemi. Acte de décès transcrit à Corps (38) le 24 06 1916.

FASSION Antoine né le 13 septembre 1889 à Feyzin, classe 1909. Soldat au 159ème RI. Mort pour la France le  2 octobre 1914 à Monchy le Preux (Pas de Calais), tué à l’ennemi ; disparu. Acte de décès transcrit à Saint-Just de Chaleyssin (Isère) le 24 août 1920.

GUILHOT Joseph André né le 11 janvier 1892 à Feyzin, classe 1912. Sergent au 303ème de marche d’infanterie légère d’Afrique. Mort pour la France le 23 avril 1915 à Lizerne (Belgique), tué à l’ennemi. Acte de décès transcrit à Villeurbanne (Rhône) le 10 novembre 1915.

JAILLET Antoine né le 20 mai 1873 à Feyzin, classe 1893. Soldat au 3ème bataillon de chasseurs. Décédé le 7 janvier 1919 à l’Hôtel-Dieu de Lyon de maladie non imputable au service. Domicilié à Vienne (Isère).

PERROUD Lucien Charles né le 7 décembre 1889 à Feyzin, classe 1907. Caporal au 152ème RI  7ème Cie. Mort pour la France le 26 mars 1915 à Hartmannswillerkopf (Alsace), tué à l’ennemi. Acte de décès transcrit à Paris, 11ème arrondissement le 7 septembre 1918.

TERRY Jean Baptiste né le 16 mars 1889 à Feyzin, classe 1909. Caporal au 4ème Zouave de marche. Mort pour la France le 20 août 1918 à Ourscamps (Oise), tué à l’ennemi. Acte de décès transcrit à Saint-Fons (Rhône) le 1er septembre 1919.

On peut ajouter d’autres poilus, qui ne n’étaient pas natifs de notre commune :

BILLON Victor né le 17 novembre 1890 à Lyon, classe 1910. Soldat au 157ème RI. Mort pour la France le 11 novembre 1914 à Ménil (Vosges), tué à l’ennemi. Acte de décès transcrit le 11 février 1916 à Lyon 1er. Son nom figure sur le tombeau familial qui se trouve dans le cimetière de FEYZIN.

BOUVIER Léon, dont le frère, adjoint à Feyzin, avait été blessé au début de la guerre. Né à Saint-André-le-Gaz (Isère) le 2 novembre 1893. Dans le civil, instituteur à Communay. Appelé de la classe 1913. Blessé une première fois en  septembre 1914. Gagna ses galons de sous-lieutenant et la croix de la Légion d’honneur sur les champs de bataille. Parti pour Salonique le 8 janvier 1917. Fut blessé grièvement au niveau de la tête près du lac de Presca (Albanie), le 13 mars 1917. Décédé des suites de cette blessure le 26 mars 1917 à l’ambulance alpine n°2 à Gorica le Haut (Albanie). Acte de décès transcrit à Saint-André-le-Gaz (Isère) le 22 mai 1920.

GALLIFET Joseph, né le 20 décembre 1887 à Vénissieux, soldat au 168ème RI, décédé le 23 juillet 1918 à l’ambulance de Chantilly dans l’Oise des suites de ses blessures. Acte de décès transcrit le 31 décembre 1918 à Saint-Fons. Son nom figure sur le tombeau familial qui se trouve dans le cimetière de Feyzin.

GARDON Jean-Charles né à Sainte Croix (Drôme) le 16 avril 1894, sergent au 4ème Génie, cité à l’ordre de l’armée, titulaire de la médaille militaire et Croix de guerre avec palme, grièvement blessé et amputé d’une jambe. Comptable, domicilié à Feyzin est décédé chez ses parents aux Razes le 3 janvier 1919.

 

 

 

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Durant le conflit il y eut de nombreux  militaires en garnison à Feyzin, au Fort, dans les cantonnements de la poudrerie de Saint-Fons (situés à la Belle Etoile) et dans l’usine Planchon (au bout de l’allée du Rhône). Certains campaient dans les écoles sur la place de l’église (14ème batterie du 11ème d’artillerie). D’autres étaient cantonnés dans plusieurs maisons particulières situées le long de la RN7, (au hameau de la Bégude, au pied de la montée de la Bégude).

L’armement du Fort :

L’éclairage avait été installé au Fort de Feyzin en 1914. Celui-ci aurait été doté à cette époque, sur les remparts, de 4 canons de 120 long, 6 canons de 90, 2 mortiers de 27 et 1 de 22. Il y avait 8 casemates à tir indirect et 4 casemates à tir direct (désarmées). La défense des fossés était assurée par 4 canons revolver, 4 canons de 12 culasse et 4 canons à balle. Soit un total de 25 pièces.

 Sur les 9 batteries d’artillerie seulement huit étaient armées avec un total de 32 pièces (12 canons de 155 long, 8 canons de 120 long et 12 canons de 90). A partir de la fin 1915 le fort fut progressivement désarmé pour envoyer les pièces sur le front.

Fort de Feyzin - photo collection privée C.L.

Fort de Feyzin - photo collection privée C.L.

La garnison :

Dans un article paru dans le journal de Vienne le 24 septembre 1913, nous apprenons que 80 soldats du 158ème RI, originaires du Fort de Loyasse venaient d’arriver au Fort de Feyzin et devaient y être rejoints par une centaine de bleus aux premiers jours d’octobre. Ainsi, une garnison forte d’environ 200 hommes séjourna au fort jusqu’en avril 1914 (soit 7 mois), époque où elle sera dirigée sur Fraize, près de Colmar, dans les Vosges où était basé le 1er Bataillon.  Le régiment allait encore connaître quelques « beaux jours » dans les montagnes des Vosges avant le début des hostilités.

Par son emplacement à la frontière, le 158ème dut s’emparer du col de Bonhomme dès le début des hostilités, le 8 août 1914. Le lendemain, il fut relevé et envoyé rejoindre le 21ème Corps pour participer à l’offensive d’Alsace qui commença plutôt favorablement pour les Français, avant de de tourner à la retraite à partir du 21 août. Les pertes furent terribles et le régiment décimé, mais lorsqu’il fut relevé, l’effort de l’ennemi avait été brisé. Le 5 septembre, le 158ème RI fut embarqué direction la Marne…

RIVOIRE Jean Marie né le 22 mars 1891 à Irigny, classe 1911. Caporal au 158ème. Mort pour la France le 24 septembre 1914 à l’hôpital mixte de Varennes (Charente Inférieure) des suites de ses blessures de guerre. Acte de décès adressé à Feyzin, Isère le 24 septembre 1914.

 

En 1914, le 97ème RI Territorial est fort de 4 bataillons dont 3 sont basés en région lyonnaise avec des  détachements basés à Feyzin : village, Fort, la Tour et Beauregard. Le 18 puis le 24 septembre, plusieurs détachements partent et sont remplacés par des territoriaux beaucoup plus âgés (du 98ème RI entre autres). En 1915 des territoriaux se font prendre en photo au fort de Feyzin.

collection privée C.L.

collection privée C.L.

Les artilleurs :

  • Plusieurs batteries du 84ème d’artillerie lourde étaient cantonnées à Feyzin entre janvier 1916 et janvier 1919. Ce régiment fut constitué le 1er novembre 1915.

La 62ème batterie était basée au fort de Feyzin entre mars 1916 et juillet 1917. Le 28 janvier 1917, un des servants de la 4ème pièce de la 62ème batterie écrit que la neige tombe abondamment et qu’ils sont obligés de rester enfermés dans le fort et passent le temps en chantant, écrivant, lisant et en s’ennuyant.

En mai 1917 au recto d’une carte envoyée par un servant de la 2ème pièce, on voit une pièce avec 13 artilleurs.

Le 9 juillet 1917, toute la 62ème batterie part avec ceux de Sainte-Foy (qui sont venus coucher au Fort de Feyzin) pour une quinzaine de jours et avant  de rentrer ensuite chez eux. Ils ont fait leurs sacs  qui pesaient bien 40 livres.

Des artilleurs de la 63ème batterie se trouvaient au fort en août-septembre 1918. D’autres au Fort de Corbas, par Feyzin.

L’un des artilleurs du 84ème  qui étaient logés dans les 2e et 3e chambrées entre août et décembre 1916, partit comme volontaire pour un renfort au front.

A Lyon dès 1915, sous l’impulsion d’un chef de dépôt de la caserne de la Doua, fut créé un potager afin d’assurer l’alimentation des militaires. Des initiatives du même genre ont ensuite essaimé. A Feyzin, La batterie du 84ème  possédait son propre potager.

 

  • La 66ème batterie du 54ème d’artillerie était cantonnée à Saint-Fons en 1916. On trouve mention d’un détachement basé au Fort de Feyzin entre décembre 1917 et janvier 1919. Ce régiment était basé à Lyon depuis 1910.

 

  • 311 hommes du 11ème d’artillerie à pied quittent Briançon et se rendent par chemin de fer à Lyon Guillotière   où ils arrivent le 19 octobre 1914 à 10h. La 5ème batterie  vient s’installer à Feyzin le même jour. Elle est rattachée à l’artillerie du 5ème secteur et dispose d’une partie du matériel du Fort de Feyzin pour son instruction. Le 28 octobre, elle reçoit l’ordre de se spécialiser dans la manœuvre du mortier de 220 à plateforme métallique pour constituer un groupement de 2 batteries de 4 mortiers dont elle assurera le service. Elle reste cantonnée à Feyzin jusqu’au 23 décembre.
Feyzin, photo non datée - collection privée C.L.

Feyzin, photo non datée - collection privée C.L.

 

La moitié de la 5ème batterie part pour Chalons sur Marne le 24 décembre en emmenant 4 mortiers de 220 à plateforme métallique, approvisionnés  à 800 obus ordinaires. Elle était composée comme suit : Capitaine Ract-Madoux, lieutenant de réserve Foice, 158 hommes (1 adjudant, 1 maréchal des logis chef, 8 maréchaux des logis, 148 brigadiers ou canonniers) et un cheval (Griffon). Le 27 décembre, elle part en direction de Suippes puis rejoint le lendemain sa position dans un bois à 5 km au nord-est de cette ville.

La deuxième demi-batterie reste cantonnée à Feyzin et s’administre séparément à compter du 25 décembre. Le lieutenant de réserve Sarda prend le commandement de la batterie. L’effectif comprend le sous-lieutenant de réserve Jourdan et 154 hommes de troupe. Son emploi du temps journalier est varié (écoles de batterie au Fort de Feyzin, marche avec soupe sur le terrain, manœuvre à pied, exercices physiques, etc.). Le  9 janvier 1915 son effectif est complété par 3 maréchaux des logis, 1 brigadier et 4 hommes venus de la 39ème batterie de dépôt du régiment. Le sous-lieutenant Jourdan part le 16 janvier et rejoint la première demi- batterie le 18 janvier. Le 21 janvier 25 canonniers de la batterie sont classés à la 25ème batterie. 26 canonniers des batteries territoriales du régiment stationnées à Feyzin, Corbas, Genas sont classés à la batterie. Le lieutenant Oury de la 25ème batterie du régiment est classé à la batterie du fort à compter du 21 février 1915. Le 27 février embarquement du personnel et du matériel qui comprend 4 mortiers de 220, en direction de Suippes (Marne) et s’installe dans le bois de Jonchery.

Il y a encore des hommes de ce régiment cantonnés à Feyzin en avril 1915.

 

 

collection privée C.L.

collection privée C.L.

 

  • Le 65ème d’artillerie DCA avait un poste de tir au Fort de Feyzin en août 1918.

Toutes les unités d’artillerie de défense contre les aéronefs - nouvellement formées - ont été administrativement rattachées au Dépôt du 62° Régiment d’Artillerie (Dépôt 62) du 1er octobre 1916 au 1er octobre 1917. Le 65°RA a été formé le 1er octobre 1917 pour réunir toutes les unités de DCA du territoire sauf celles de Paris. La dissolution progressive de ses unités a été réalisée de janvier à mars 1919. Le régiment lui-même a été dissous le 31 mars 1919.

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Le Fort de Feyzin était un point de regroupement avant l’envoi des régiments au front :

  • En octobre 1915, les 3e 41e et 42e batteries du 1er régiment d’artillerie de montagne sont envoyées à la 122e DI et quittent le secteur du Lingekopf le 26 octobre pour venir se reconstituer en personnel et matériel à Feyzin avant de partir pour s’embarquer à Marseille le 2 novembre.
  • La 49e batterie du Bataillon d’artillerie de montagne arrive à la gare de la Guillotière le 11 novembre 1915 à 15h et reçoit l’ordre de cantonner à Feyzin. Départ de la gare à 16h30 et arrivée à Feyzin à 19h puis installation au cantonnement. Le 12 novembre : demandes diverses de remplacement de matériels, d’effets d’habillement et d’harnachement. Le 13, habillement de tout le personnel de la batterie. Le 14, arrivée de renforts en hommes et animaux. Le 16, vaccination contre le choléra. Le 17, promenade des animaux et nettoyage du matériel. Le 18, perception du matériel de téléphonie et de pièces de rechange. Du 19 au 22, promenade des animaux et manœuvres d’artillerie. Le 23, réception de l’ordre de départ pour Marseille de la 49ème batterie et de la colonne muletière. Le 24 novembre départ de Feyzin à 10h30 du matin direction gare de la Guillottière pour rejoindre Salonique (journal de marche de la 49ème batterie du 1er régiment d’artillerie de montagne). Le 20 novembre 1915 un soldat écrit de Feyzin, où il est depuis plusieurs jours attendant d’embarquer pour la Serbie. Début novembre 1916, un autre dit qu’ils partiront du Fort de Feyzin courant décembre.

 

Militaires décédés dans la commune :

ABADIE Jean Marie né le 15 novembre 1873 à Ponsampère (Gers) mobilisé du 175ème  régiment territorial d’infanterie affecté à l’usine Planchon est décédé à Feyzin le 22 août 1917. Témoins lors de la rédaction de l’acte de décès Jules DELSERT mobilisé du 54ème régiment d’artillerie détaché à la nouvelle poudrerie et Honoré MATHIEU mobilisé à l’usine Planchon, tous deux domiciliés à Feyzin.

ALLAMAND Jean François né le 20 février 1878 à Faucigny (Haute Savoie) mobilisé au 84ème régiment d’artillerie lourde détaché à la nouvelle poudrerie est décédé au passage à niveau de la Belle Etoile le 2 février 1918. Témoin lors de la rédaction de l’acte de décès Jean DEAL et Claude GANDIN tous deux mobilisés au 54ème régiment d’artillerie,  et du cantonnement de la nouvelle poudrerie à Feyzin.

CARTON Baptiste né le 13 juillet 1872 à Isserpent (Allier) gardien de batterie du fort de Feyzin est décédé à l’hôpital de Desgenettes des suites de maladie contractée en service le 24 août 1920.

COQ Germain Joseph né le 26 avril 1895 à Saint-Michel d’Aurance (Isère), classe 1915. Soldat au 5ème régiment du génie. Décédé le 16 août 1919 à Feyzin, accidentellement, en se baignant au lieu de la gravelière.

DELHAYE Lucien Dominique né le 12 janvier 1885 à Desvres (Pas de Calais), classe 1905. 2ème Classe au 84ème  Régiment d’artillerie lourde mobilisé à la poudrerie nationale de Saint-Fons. Décédé le 2 septembre 1918 à Feyzin, au passage à niveau du hameau des Razes.

FARGETON Antoine né le 29 septembre 1875 à Saint-Maurice-les-Châteauneuf (Loire) soldat au  11ème régiment d’artillerie décédé par suffocation due à une maladie, au Fort de Feyzin le 26 janvier 1915. Témoins lors de la rédaction de l’acte de décès Jacques DUPONT maréchal des logis et Claude BRUN soldat, tous deux affectés au 11ème régiment d’artillerie en résidence à Feyzin.

FRAYON Louis né à Courcy le Château (Aisne) domicilié à Fresne, résidant à Feyzin est décédé à la nouvelle poudrerie le 4 novembre 1917, à 4h du soir.

photo non datée - collection privée C.L.

photo non datée - collection privée C.L.

Compte tenu du nombre de régiments qui défilèrent au Fort durant toute la durée des hostilités, et au vu de la quantité de cartes postales  expédiées aux quatre coins du pays, on imagine le nombre de poilus qui séjournèrent à Feyzin avant de partir pour le front. On se rend compte au passage que  la gravière et les passages à niveaux étaient régulièrement le siège de tragédies.

 

Ceux qui revinrent, ou pas, mais pour lesquels parut un entrefilet dans la presse locale :

Henri GENEVAY, licencié en droit, fauché à 20 ans

Henri COMTE sous-lieutenant au 4ème  génie, croix de guerre avec citation.

Les frères BOVIER Georges, ingénieur chimiste et licencié ès-science disparu le 13 septembre 1914 et Marcel, architecte diplômé d’état et décoré de la croix de guerre décédé le 27 juin 1915. Leur sœur remua ciel et terre pour essayer de retrouver Georges porté disparu en publiant des annonces dans l’organe officiel de l’Association Française pour la recherche des disparus, et en faisant des recherches auprès  de la Croix Rouge, qui recensait les prisonniers de guerre. (voir illustrations un peu plus loin)

 

     

Le tambour Frorat du 415ème RI cité à l’ordre du régiment.

En novembre 1916, Sur Les 5 frères POCACHARD, deux sont mentionnés comme morts, un comme prisonnier et les deux derniers, dont l’un blessé à deux reprises, sont sur le front.

Joseph REYNAUD canonnier, croix de guerre avec citation.

Le sous lieutenant  Louis GUYOT du 99ème RI, cité pour la troisième fois à l’ordre de l’armée après s’être distingué le 11 mai 1917 ; et sur le front depuis octobre 1914.

Charles VACHON, ex-soldat au 11ème bataillon de chasseurs alpins, aveugle de la grande guerre , titulaire de la médaille militaire et de la croix de guerre avec cinq citations est décoré de la croix de la Légion d’honneur en 1923 avant d’être fait officier de la Légion d’honneur en 1933.

La Légion d’honneur fut attribuée a titre posthume en 1922 au sous-lieutenant Jean Marie BOITON mort des suites de ses blessures.

 

Victimes de stress post traumatiques :

En avril 1919, on apprend à un poilu que le fils DURAND, celui qui était prisonnier, venait de se pendre. Dans la presse, on retrouve relatée, en mai 1920, dans les faits divers la tentative de suicide de tel autre, agé de 25 ans, qui avait fait toute la guerre.

 

Feyzin et la Grande Guerre
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La « poudrière » de Saint-Fons :

A Saint-Fons la société des usines du Rhône ne produit début 1914 que quelques kilos de phénol, matière première des explosifs, par jour. En fevrier 1915, la production est portée à 40 tonnes par jour. Ce phénol  est utilisé entre autres pour la fabrication de la mélinite (trinitrophénol-acide picrique) à l’usine de Feyzin.

La Poudrerie nationale de Saint-Fons fut submergée par les inondations du Rhône fin décembre 1918 (Le Figaro Paris). L’arsenal de Vénissieux qui explosa en octobre 1918 chargeait 25000 obus par jour.

Des artilleurs du 84ème  Régiment d’artillerie lourde y sont affectés.

 

La fabrique d’acide picrique de la Tour :

Me Bouvard, notaire, est nommé séquestre à l’effet de toucher et distribuer les sommes pouvant être attribuées à M. Frantz, industriel à Feyzin pour l’exploitation des marchés passé avec l’Etat français pour la fourniture d’acide picrique et de mélinite (JV du 6/07/1918). La société de M. Frantz possédait en décembre 1919 une créance d’environ 12000 francs sur l’Etat francais, due par suite de l’explosion de l’atelier de chargement des obus de Vénissieux.

De son côté, cette usine qui se situait en gros sur l’emplacement du stade de la Tour, causa une forte pollution de la nappe phréatique au niveau de Feyzin.

 

L’usine Planchon :

Un incendie se déclara dans les nouvelles usines construites à Feyzin. Le feu avait pris dans la partie de l’usine où se manipulait l’éther et presque instantanément tout le bâtiment fut envahi par les flammes. Le personnel organisa les premiers secours. Les pompiers réussirent à circonscrire le sinistre au bout de deux heures. Un ouvrier à été légèrement brûlé au visage en combattant l’incendie. (JV  du 1/04/1916)

Des Soldats du 175ème régiment territorial d’infanterie y sont affectés et des Feyzinois y sont mobilisés.

 

La nouvelle poudrerie de Feyzin :

Foyer des Alliés :

Un Foyer des Alliés, a été érigé à la nouvelle poudrerie de l’Etat de feyzin : les ouvrières sont logées et jouissent de ce centre de repos et de récréation dans leurs loisirs (Journal de la Jeune Fille, janvier-février 1917). Il fait partie des oeuvres pour les femmes françaises faites par les Y.M.C.A. (union chrétienne de jeunes filles américaines) en collaboration avec les union chrétiennes  de jeunes filles de France, avec le concours de divers comités locaux et des autorité militaires.

 

Cantonnement des travailleurs chinois :

Au début 1917 les Fançais voulaient ouvrir un nouveau foyer des YMCA dans une grande fabrique de munitions où ils employaient de nombreux travaillleurs chinois. Fin 1917, il fut décidé d’inviter les YMCA à travailler avec un étudiant chinois de Harvard - Shi Yixuan -  dans le premier centre  YMCA pour travailleurs chinois à Feyzin. Il arriva à Feyzin le 22 novembre 1917 pour préparer un programme destiné au millier de chinois qui y étaient stationnés (Strangers on the western front / Xu Guoqi). D’ailleurs certains de ces travailleurs chinois restèrent dans la région lyonnaise et y firent souche.

Des artilleurs du 54ème régiment d’artillerie et du 84ème régiment d’artillerie lourde y sont affectés.

Le père de la chanteuse Anne Sylvestre, Albert Beugras, se retrouva affecté en tant qu’ingénieur chimiste à la Poudrerie de la Belle Etoile à Feyzin, qui dépendait de Rhône Poulenc au début de la seconde guerre mondiale (Anne Sylvestre : Et elle chante encore ?). Mais ceci est une autre histoire…

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Quêtes, collectes et dons :

A Feyzin la journée du secours national a produit 242,25F dont 58,80 F ont été recueillis à la porte de l’église par les vendeuses de petits drapeaux (JV 2/06/1915)

Fonds en espèces reçus par le comité d’arrondissement en juin 1915 (JV 24/07/15) : Dons Tronc Mairie de Feyzin : 24,80 F et collecte faite par les conscrits de Feyzin lors du conseil de révision : 30 F

JV 2/10/1915 : recette de dimanche de la vente des petites pochettes : 289,65 F et 10000 francs d’or versés au guichet de la Poste par esprit patriotique.

JV 30/10/1915 : les quêteuses de la Journée dauphinoise ont recueilli 133,25 F dans la commune de Feyzin

JV 29/01/16 : dons en espèces recus par le comité en décembre 1915, collecte faite aux obsèques de M. Dambonnet à Feyzin 16,75 F

Dons en natures faits entre septembre et décembre 1915 à la Sous-Préfecture de Vienne : Mme Bernier, institutrice à Feyzin, a fait le don de 10 chandails, 4 chemises, 3 paires de chaussettes

Le Comité d’Arrondissement assure deux fois par mois à chacun des prisonniers nécessiteux de son arrondissement l’envoi d’un paquet de victuailles et fait en même temps des envois aux soldats du front aux hôpitaux et aux refugiés. Dons en espèces en décembre 1915 : Feyzin 100 F (MV 5/02/1916)

Fête du 24 septembre 1916  au profit des tuberculeux de la guerre, Frantz industriel à Feyzin  don 100 F. Mr Perret, maire de Feyzin, donne 20 F pour le Sanatorium de Seyssuel (JV 12/05/1917). La commune de Feyzin donne 150 F lors de la 15e souscription pour ce sanatorium (JV 9/02/1918) lors de la 16e elle donnera 100 F (JV 23/11/1918)

JV du 30/02/1917 : M Planchon, industriel, à versé au profit du Comité d’Arrondissement 200 F et la recette de la tombola organisée dans la commune en faveur des Oeuvres de Guerre s’est élevé à 1105 F.

Le 3 janvier 1918 une quête faite à l’issue du dîner familial offert par la société Planchon à tout le personnel de l’usine a produit la somme de 100 F versés au profit de l’hôopital 34 pour soldats blessés à Lyon. (JV 12/01/1918).

 

Dominique BAILLY

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Il ne nous faut pas oublier tous ces hommes qui furent envoyés au "casse-pipe" au nom d'une guerre terrible et meurtrière...

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Ci-après, quelques cartes postales parfois émouvantes de soldats cantonnés à Feyzin à cette époque (ces documents proviennent de la collection privée de C. L.)

Feyzin et la Grande Guerre
Feyzin et la Grande Guerre
Feyzin et la Grande Guerre
Feyzin et la Grande Guerre

Voir dans ce blog les articles relatifs au Fort de Feyzin.

 

Grand merci à Dominique Bailly pour ce précieux document, et merci aussi à C.L. pour les photos et cartes postales qui l'illustrent (exceptées celles qui proviennent du web).

Le Fort de Feyzin de nos jours (droits réservés)
Le Fort de Feyzin de nos jours (droits réservés)

Le Fort de Feyzin de nos jours (droits réservés)

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C.L., "collectionneur d'histoires"

Publié le par Oxymore

Je voudrais vous parler aujourd'hui de C.L., "collectionneur d'histoires" comme il aime à se qualifier lui-même.

Désolé, mais il souhaite conserver l'anonymat dans ce blog. Mais ses amis et les férus d'histoire feyzinoise l'auront reconnu.

Pur Feyzinois, il est ex-membre indispensable du Patrimoine de Feyzin. Il regrette la façon dont sa ville se transforme aujourd'hui, comme beaucoup de Feyzinois. 

Partout on bétonne...
Partout on bétonne...Partout on bétonne...

Partout on bétonne...

J'ai eu l'occasion de voir une partie de sa collection sur le vieux Feyzin. Beaucoup de pièces sont très importantes. J'avais publié dans ce blog quelques photos qu'il m'avait gentiment envoyées (voir notamment article sur la cité Lumière).

La cité Lumière et les crues du Rhône

La cité Lumière et les crues du Rhône

C.L. est un grand nostalgique... Mais il y a de quoi! (carte postale début XXème)

C.L. est un grand nostalgique... Mais il y a de quoi! (carte postale début XXème)

C. L. est un grand chineur. Brocantes, vide-greniers, Puces... Au gré de ses recherches, il est content comme un enfant quand il trouve le moindre objet sur le Feyzin d'autrefois.

Papiers...

Certificat d'actions de la Société Plymouth Française

Certificat d'actions de la Société Plymouth Française

Photos...

Les roses Gaujard, en juin 1970, la délégation allemande

Les roses Gaujard, en juin 1970, la délégation allemande

Objets...

La première trouvaille de C.L. de 2019, ce magnifique vase de la poterie Paillet ; en arrière plan, une photo de la famille de C. L.

La première trouvaille de C.L. de 2019, ce magnifique vase de la poterie Paillet ; en arrière plan, une photo de la famille de C. L.

Je reçois régulièrement de C.L. de nombreux documents sur l'histoire en général et je tiens à le remercier ici. 

A propos de ce document, artisan LANGLOIS...

C.L., "collectionneur d'histoires"
C.L., "collectionneur d'histoires"

... il recherche plus d'informations (adresse de cet artisan en particulier), si vous en avez, merci de me les communiquer pour que je les lui transmette.

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Aspirine et Vanilline

Publié le par Oxymore

Madame Nathalie FRIER, maire de Saint-Fons, 1conseillère métropolitaine déléguée

Mme Josette LURASCHI, adjointe à la culture, à l’événementiel et aux anciens combattants,

sont honorées de vous inviter

au vernissage de l’exposition

« Aspirine et Vanilline :

un siècle de présence industrielle à Saint-Fons »,

le 26 mars à 18h

à la Mairie de Saint-Fons (1, place Roger Salengro).

 

L’exposition sera visible aux horaires d’ouverture de la mairie, du 18 mars au 5 avril.

Accès et horaires sur le site

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