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Le blog a deux ans !

Publié le par Oxymore

Eh oui, le blog "Feyzin, passé simple" aura deux ans demain ! Créé par un ancien Feyzinois exilé à l'île de La Réunion, le blog, à ce jour, a reçu 6232 visites, 17173 pages ont été vues au total par les internautes. Merci à tous de vos visites, de votre intérêt et de votre fidélité !

 

Parallèlement à cet événement, je voudrais m'exprimer sur le concours organisé par la Mairie de Feyzin, découvert sur la lettre numérique de Feyzin.

Le concours a pour support les cartes postales anciennes de Feyzin (il s'agit de photographier les lieux actuels des représentations des cartes postales du passé de Feyzin). Initiative louable.

Cependant, j'ai mis un commentaire sur la newsletter. Je regrettais n'avoir pas été contacté pour ce concours, étant donné que de nombreuses cartes postales anciennes apparaissent dans mon blog (beaucoup d'entre elles proviennent de la collection de Dominique Bailly) et que je pouvais relayer l'information ici même.

Première surprise... La seconde, la voici : le webmestre de la Lettre de la Mairie de Feyzin m'a répondu en substance qu'il était enchanté de découvrir l'existence de mon blog sur le vieux Feyzin. J'ai aussitôt vérifié sur la page municipale des sites sur Feyzin, mon blog y est toujours référencé grâce au flux RSS.

Tout cela montre le peu d'intérêt que la Mairie de Feyzin accorde à ce blog depuis deux ans. Ce qui ne l'empêche pas d'organiser un concours relatif au vieux Feyzin...

Je conseille aux personnes concernées de lire ce blog, pour peu qu'elles cherchent à comprendre mes propos, et si possible d'aller visiter l'écomusée de Pierre Bailly, rue Thomas à Feyzin (voir articles dans ce blog).

Bref, restons positif. Espérons que de nombreux Feyzinois participeront à ce concours. Les lecteurs assidus du blog "Feyzin, passé simple" auront pu découvrir, avec ce concours, sur le panel des cartes postales anciennes trois nouvelles cartes, la rue de Sérézin, la route nationale et l'allée du Rhône (à propos de cette dernière carte, il est à remarquer que la photo est inversée, en effet sur l'allée des platanes, l'église sur le coteau devrait se trouver à gauche sur la photo)

RECTIFICATIF ! Dominique m'a contacté à propos de la carte postale "allée du Rhône" ; à son avis, la photo est dans le bon sens, l'église apparaissant sur le coteau à droite étant non celle de Feyzin, mais celle d'Irigny...

 

 

Comment accéder à mon blog rapidement ? Taper sur Google les mots "feyzin passé simple" ou "blog feyzin"

 

 

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Les cochons mouraient à l'aube

Publié le par Oxymore

Suite des récits de Georges Sublet parus dans « Le Potin » (n° 9)

 

Chez nous, les cochons mouraient à l’aube.
Si d’autres jeux et d’autres travaux nous attendaient, d’autres joies et d’autres tristesses aussi, liées à notre forme de vie qui sans être pire ni meilleure que celle des autres habitants de la vallée comportait néanmoins des règles impératives de survie.
Bien sûr, dans l’ensemble, ces règles étaient universelles. Chez nous, elles étaient adaptées plus ou moins bien ou plus ou moins mal aux nécessités locales.

Bref, il fallait tuer le cochon à certaines époques de l’année, le commencement de la « Saison Verte » en était une.

Un peu d’imagination et l’absence de frigo vous feront comprendre l’objectivité ancestrale de ce choix.
Il fallait tuer le compagnon de jeux, celui avec qui nous avions joué, celui que nous avions nourri pendant un an avec les orties, les betteraves, les petites pommes de terre et le « petit lait » réservé à cet effet. Les écolobourgeois qui adorent le jambon et le saucisson ont toujours eu des difficultés à comprendre (cela et bien d’autres choses…)

De toute façon, il y aura toujours ceux qui tuent les cochons et ceux qui les mangent. C’était et c’est comme ça ! Chez nous, les cochons mouraient à l’aube.
Quand le sacrifice commençait, le petit garçon que j’étais dormait encore la couverture sur la tête et les doigts dans les oreilles, terrifié par les cris du condamné. Et puis le silence succédait à la violence, comme toujours dans ce cas-là. J’enlevais mes doigts de mes oreilles, repoussais la couverture et sournoisement la curiosité l’emportait. Je me levais peureusement et m’approchais lentement, un peu comme les crabes, probablement. Le grand feu de paille qui avait servi à « bucler » le cochon finissait de brûler dans la cour de la ferme. Le bourreau de service armé de son grand couteau rasait les soies restantes sur la « couenne » (peau de cochon). Cette dernière devenait rose comme la figure d’un « Monchu » (Monsieur) bien rasé et bien nourri.

Alors le charcutier cessait d’être le bourreau, il « officiait », les rites séculaires s’enchaînaient scrupuleusement réglés et respectés. Même les « farces » devaient remonter à la nuit des temps tellement elles étaient bien préparées.

Parmi ces dernières, il y en a une qui reste accrochée à ma mémoire d’ancien petit garçon. C’était « la première saucisse ». L’officiant prenait pour cible un naïf, de préférence très jeune. J’ai fait partie de ces naïfs-là. On me flattait. On me promettait que si je travaillais bien, si j’étais sage, ci ceci, ci cela, j’aurais droit à la première « saucisse » et j’y ai eu droit.

Je devais la faire cuire dans le four bien chaud, et après un quart d’heure de cuisson, la piquer avec une fourchette, la retourner, etc. Ce qui fut scrupuleusement fait. Croyez-moi alors, l’odeur infecte qui se dégageait de cette fameuse « première saucisse » me faisait rapidement comprendre que j’avais été berné dans les grandes largeurs. Cette dernière n’étant ni plus ni moins qu’un morceau de boyau attaché aux deux extrémités et rempli de ce qui est habituellement le contenu de n’importe quel boyau de mammifère, ainsi était notre humour.

Les rires de toute la famille et des voisins m’ont probablement fait vite oublier cette humiliation très passagère, d’autant plus que ce jour la personne n’avait le temps de s’apitoyer sur des détails futiles (sauf moi puisque je m’en rappelle encore)

Ces souvenirs sont-ils Tristesse, ces souvenirs sont-ils « Les Rires », comme la vie mélange tout, « Vat savoir », et puis le Rhône a tellement coulé depuis…

 

Georges SUBLET

 

(Scan de Dominique Bailly)

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La couleur des saisons

Publié le par Oxymore

Suite des récits de Georges SUBLET (parus dans le n° 8 du "Potin")

 

LA COULEUR DES SAISONS

 

Mais comme toutes les choses ont des limites et que les bateaux qui flottent ne transforment pas pour autant les enfants en Corsaire ou en Tabarly, nous nous contentions de nous asseoir sur la planche qui servait de siège en manoeuvrant les rames tant bien que mal. D’ailleurs comme tous les enfants du monde, nos parents étaient là pour nous surveiller. D’autant plus que pour eux, l’eau était leur ennemi mortel. La preuve en est que je n’ai jamais vu les Anciens en mettre dans leur vin, sous aucun prétexte ; il faut les comprendre, on ne pactise pas avec celle qui vous veut du mal, je pourrais vous dire sans être trop mauvaise langue qu’ils n’en abusaient pas pour eux-mêmes, la plus grosse consommation de la pompe était réservée pour la boisson des chevaux et des vaches.

De toute façon, le fleuve s’en retournait comme il était venu après quatre ou cinq jour d’invasion en laissant derrière lui le limon visqueux et blanchâtre que nous appelions la « mâne ». Nous disions les blés sont manés, les prés sont manés, cette boue collante et sale qui était la dernière attaque de la Saison Grise allait disparaître en quelques jours, la neuve, la propre Saison Verte, celle qui pourchassait les alluvions jusqu’au fond des lônes au quart vides et les entourait de ces verts de toutes nuances, la seule couleur de la saison nouvelle.

En parlant des lônes, il faut vous dire que le Rhône qui partait et revenait quand il en avait envie, jouait de ce fait des mauvais tours aux brochets qui s’étaient aventurés en dehors de son lit en les oubliant. Par contre, « nous », nous ne les avions jamais oubliés, c’aurait été dommage, et puis c’était si facile pour les petits pêcheurs en apprentissage que nous étions, que de cueillir ces derniers dans les filets naturels que la nature avait mis à notre disposition. Quand nous rentrions à la ferme, nous étions aussi vaseux que nos poissons mais fiers comme Artaban de nos exploits.

Le fleuve quelquefois, était par regret ou par rancune, revenait nous voir en mai ; il recouvrait à nouveau les champs et il arrivait alors aux carpes ce qui était arrivé aux brochets le mois précédent, mais là c’étaient les prairies qui servaient de filets et l’amour qui servait d’appât. Des centaines de carpes de 5 à 25 livres se trouvaient bloquées, elles étaient venues pour frayer. Elles se débattaient dans les hautes herbes, c’était la curée du quartier, les fourches servaient de harpons, de toutes façons elles étaient condamnées, soit par les prédateurs à deux pattes, soit par l’asphyxie, ainsi était le destin des carpes au mois de mai là-bas dans les prairies qui n’avaient rien fait pour en arriver là.

Quand le curé, au catéchisme, nous racontait l’histoire de la pêche miraculeuse de Saint-Pierre, Jésus et ses copains sur le lac de Tibériade, je pensais que dans le fond nous n’avions rien inventé.

Au mois de mai, mon père, pour des raisons d’hygiène, de bien-être et d’économie, avait pour coutume de tondre ses deux chevaux et ses quatre fils. Si les chevaux étaient contents, on ne peut pas en dire autant des quatre fils qui se trouvaient de ce fait un peu différents des autres, soit à l’école, soit à la messe (je crois d’ailleurs que la tonte des fils n’a pas dépassé les années 20) car c’étaient eux et non les chevaux qui ruaient dans les brancards (cours-moi après, j’t’attrape).

On n’arrête pas le progrès, que voulez-vous ! La contestation était en route, les enfants n’étaient plus ce qu’ils étaient, comme disait ma mère à qui sa mère avait dû en dire autant.

En mai, dit la chanson, nous n’allions plus au bois, les osiers sont coupés, les fagots finis, d’autres travaux et d’autres jeux nous attendaient.

La grise a disparu                                                        La verte est apparue

La terre recommence                                                   La terre recommence

Recommence sans elle                                                Recommence avec elle.

 

Georges SUBLET

 

La plaine de Feyzin

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