Les Pirates

Publié le par Oxymore

Suite des récits de Georges Sublet publiés dans "Le Potin" :

 Les Pirates ?

J’ai constaté un jour, tristement et après bien sur une consultation du Larousse, que le mot « pirates » voulait dire : bandit qui court les mers pour piller et voler, et également et en définitif « tout homme qui s’enrichit en pillant et volant », quelle horreur !

N’en déplaise à l’écrivain Bernard CLAVEL qui a dû confondre un beau jour « La maison des autres » avec le « Fleuve des autres » et paix à son âme d’écrivain avec qui il aura ou bien a déjà des comptes à rendre…

Les pêcheurs du Rhône n’ont rien à voir avec ces gens que l’on appelle « pirates » qui volent et qui pillent pour s’enrichir. Soyons sérieux, enfin !

J’en appelle à ces vieux pêcheurs Feyzinians et Saintfonniands, professeurs es pêche qui avaient découvert depuis longtemps le proverbe chinois si merveilleux qui dit : « Si tu donnes un poisson à ton ami, il mangera pendant un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toute sa vie ».

Clavel, comme tous les hommes, ne pouvait comprendre et ne pouvait parler que maladroitement de ce qu’il n’avait ni connu, ni vécu, ou si peu.

J’an appelle à Saint-Pierre qui pêchait sur le lac Tibériade (avec le fils de Dieu et les copains de ce dernier). Qui aurait eu le culot d’appeler ces Gens-là des « Pirates » ? Enfin, soyons sérieux !!

Pirates ! Ceux qui pendant des générations ont nourri dimanche de printemps après dimanche de printemps, dans les guinguettes du bord du fleuve ou ailleurs, tous les amoureux du monde, avec leur friture fraîche et déshormonisée.

Pirates ! Ceux qui pendant des générations ont nourri tous les bourgeois lyonnais, les gros bonnets, Président de pêche et j’en passe, avec leurs brochets aux longs becs et leurs grosses carpes (je parle des poissons).

Quant à moi, je revois et j’entends du plus profond de ma mémoire, je revois et j’entends du plus loin de la Rue Thomas, cette bonne mère BADIN avec son landau désaffecté, plein de poissons, sans affectation parce que trop petit pour les bourgeois ou trop gros pour les fritures d’amoureux.

Je revois cette dernière crier : « Que te vous de païssons ! Que te vous mon bon pai aisson… ! »

Il faut vous dire qu’elle avait le don extraordinaire de baptiser « brème » ou « chevasson » tous les tunards de la terre que lui avaient donné les pêcheurs la veille, ou bien l’avant-veille (il n’y a que la foi qui sauve).

Et si le Vendredi était jour maigre pour nous, il était jour gras pour la Mémé Badin.

Et si la viande était interdite pour nous sous peine de voir l’Enfer en perspective, ce même jour pa contre, les tunards passaient frais ou pas si frais, allègrement, arêtes comprises dans la « casse » (poêle à frire) des gens de ma rue, accompagnés des « Matafans » (matefaim ou grosse crêpe) de service ce jour-là.

Pirates, ces gens-là ? Sans être trop mauvaise langue et tout en étant né dans la Rue Thomas, je peux toujours imaginer que les pirates étaient de l’autre côté de la Rivière. A vous d’en juger présentement.

« Lou vent vin de Miejou

Lou vent vin par itiie

Fa chante tout lou Pivou

Alons aux brotiaux Ma Mia Jeanne

Nous danssiron lou Rigodon »

(Le vent vient du Midi, le vent vient par ici, fait chanter tous les peupliers, allons aux brotteaux – quartier des bords du Rhône – Ma Mie Jeanne, nous danserons le Rigodon)

 Georges SUBLET

 

Les anciens de Feyzin et des environs (disons des bords de Saône jusqu'à Givors, au moins) savent bien ce que furent les pirates. Quand j'étais gosse, j'entendais mes parents parler de pirates qui "sévissaient" au bord du Rhône ; alors germaient dans mon imagination d'enfant mille suppositions... Qui étaient donc ces mystérieux "pirates" ? Beaucoup de mystères entouraient ces personnages, en effet.

Le journal "Feyzin Magazine" lève partiellement le voile en 1993 :

 

 

... et poursuit dans un numéro suivant :

 

 

Dans son article, Georges Saunier met définitivement les choses au point. Allez, n'en déplaise à Georges Sublet, lisez (ou relisez) "Pirates du Rhône", de Bernard Clavel !

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